Pourquoi ?
La maison d’édition Framabook a été créée de façon à promouvoir le libre sous toutes ses formes, numériques et culturelles. En une dizaine d’années, ce sont près de cinquante ouvrages qui ont été édités, traduits et publiés. Cela va des bandes dessinées aux ouvrages techniques en passant par les essais et les manuels informatiques.
Envisagée surtout comme un moyen, Framabook ambitionnait de proposer une façon éthique de travailler, respectueuse des auteurs et autrices et du public : rémunération de 15% en droit d’auteur, contrats non-exclusifs, ouvrages sous licences libres.
Voyant les limites de ces pratiques, il a été décidé aujourd’hui d’aller plus loin, de radicalement changer de paradigme et, comme Framasoft aime à le faire, de proposer une alternative à ce qui semble être la situation d’évidence et qui pose un certain nombre de problèmes.
Depuis plus de deux cents ans, l’édition place les auteurs et autrices en situation de subordination économique, s’arrogeant de fait tous les droits patrimoniaux et n’octroyant un revenu aux auteurs et autrices qu’en consacrant une rente liée à cette propriété, privant le public de tout accès non rémunéré ou rémunérateur au fruit du travail des auteurs et autrices. Ces derniers produisent donc un capital qui ne participe à l’avancement culturel que parce qu’il peut être exploité en tant que valeur marchande monétisée. Cela transforme l’objet culturel en produit industriel comme un autre, balayant la pertinence de ses usages sociaux.
Comment ?
Des Livres en Communs a décidé de reconnaître la réalité de ce travail en amont, en le rémunérant directement par une bourse, une allocation forfaitaire versée dès la signature de convention, au début du projet de rédaction, bien évidemment accompagné par un éditeur.
La mise à disposition libre et sous format électronique des œuvres une fois achevées permettra au public d’y accéder sans devoir payer une rente capitaliste. En outre, il a été décidé d’assumer une mise en avant plus active des communs culturels, par la proposition systématique de placer le résultat du travail sous une licence dite à copyleft (Licence Art Libre, GNU FDL ou Creative Commons BY SA) afin d’en éviter l’enclosure à l’avenir, même partielle, garantissant à tous les agents culturels futurs un libre accès d’usage et de réutilisation.
Cette nouvelle orientation du projet Framabook, sous un autre nom, implique aussi une refonte de la chaîne éditoriale. Elle aussi pourra présenter quelques aspects innovants qui seront eux-mêmes documentés afin que d’autres maisons d’édition puissent s’en inspirer. La création d’outils simples avec un manuel d’usage est en cours, afin de permettre à de petites structures de s’en emparer pour, à leur tour, produire du contenu culturel. Il sera possible d’éditer et d’imprimer les œuvres, suivant quelques indications faciles à suivre.
Enfin, le site de présentation de Framabook (ancienne version) va être entièrement refait, afin de mieux mettre en avant les ouvrages, pour lesquels une réédition est prévue, dans le but d’en harmoniser les visuels.
Sur cette base nous comptons communiquer davantage sur le projet Des Livres en Communs (alias DLeC) qui restait jusqu’à présent assez peu visible au regard des autres actions de Framasoft. Désormais, DLeC atteint un point de maturité tel que nous pouvons en vulgariser les principes : biens communs culturels, modèle économique mature, politique éditoriale claire et engagée. Cette inflexion marque l’ambition désormais affichée de l’association de ne pas se restreindre aux aspects techniques et numériques, et de s’orienter également vers les aspects culturels du libre et des communs.